Édition du mardi 2 juin 2015
Ce sont les villes-centres qui concentrent le plus de pauvreté
Une note de l’Insee publiée ce matin livre une analyse très intéressante de la localisation de la pauvreté en France. Contrairement à une idée reçue, l’étude montre que principaux foyers de pauvreté sont dans les villes centres et non dans les banlieues.
L’Insee dispose aujourd’hui de nouveaux outils permettant une sorte de « géolocalisation » des revenus, jusqu’au niveau communal – et même, demain, annonce-t-elle, « à des niveaux infracommunaux ». L’outil utilisé s’appelle Filosofi (Fichier localisé social et fiscal), issu du recoupement des données du fisc et de celles des organismes sociaux (allocations familiales, assurance maladie, etc.). Si l’utilisation de ces données est intéressante, certains aspects de l’étude ne sont en revanche pas simples à comprendre, puisqu’ils supposent de maîtriser un vocabulaire parfois abscons : dans sa classification des communes, l’Insee utilise en effet à présent de nouvelles catégories telles que « couronnes des grands pôles urbains », « couronnes multipolarisées » ou « communes hors influence des pôles ». Pour donner une petite idée de la complexité de la chose, notons par exemple qu’une couronne de pôle correspond « aux communes dont au moins 40 % de la population résidente travaille dans le pôle » le plus proche, un pôle étant « une zone de bâti d’au moins 2000 habitants ».
Au-delà de ces définitions peu simples, l’Insee essaye de mesurer non seulement la localisation de la pauvreté mais utilise également un concept nouveau : l’intensité de la pauvreté. Il s’agit de l’écart entre le seuil de pauvreté et le niveau de vie médian des personnes pauvres. Plus cet écart est grand – autrement dit, plus les personnes sont en-deça du seuil de pauvreté – plus la pauvreté est intense.
Les régions dans lesquelles le taux de pauvreté est le plus élevé ne changent pas : ce sont la Corse, le Languedoc-Roussillon et le Nord-Pas-de-Calais. Lorsque l’on descend au niveau départemental, c’est la Seine-Saint-Denis qui détient le triste record du plus important taux de pauvreté (27 %). Presque tous les départements du Nord-Pas-de-Calais et de Languedoc-Roussillon, ainsi que le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, l’Ariège, la Creuse, l’Aisne, les Ardennes, sont au-dessus de 18 % de taux de pauvreté. À l’inverse, les Yvelines sont le département le moins pauvre (9 %), suivis par la Loire-Atlantique, le Finistère, la Vendée ou la Savoie.
Plus surprenants sont les résultats de l’étude de la pauvreté au niveau communal. Certes, on ne s’étonnera pas que la ville de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) soit la plus riche du pays, avec un revenu moyen annuel de 234 570 euros par ménage avec deux enfants. Ni que ce soit une commune de l’Aisne, Bohain-en-Vermandois, qui détienne l’un des records de taux de pauvreté (36 %).En revanche, l’Insee a découvert qu’« au sein des grandes aires urbaines, le taux de pauvreté est presque toujours plus élevé dans les villes-centres. Il atteint parfois deux à trois fois celui des banlieues et plus de quatre fois celui des couronnes périurbaines (voire sept fois dans l’aire de Mulhouse : 30 % dans la ville-centre contre 4 % dans la couronne) ».
Dans les villes-centres des grands pôles urbains, la pauvreté est particulièrement fréquente chez les jeunes ménages (27 % de taux de pauvreté) et pire encore chez les familles monoparentales (35 %) et les ménages de plus de cinq personnes (37 %).
On notera enfin que c’est … à Paris, ville souvent vue comme particulièrement riche, que l’intensité de la pauvreté est la plus grande : les personnes pauvres y vivent en moyenne avec des revenus 27,4 % inférieurs au seuil de pauvreté. C’est pire qu’en Seine-Saint-Denis, où ce chiffre est de 24,7 %. C’est aussi à Paris – ce qui est moins étonnant – que l’écart moyen entre riches et pauvres est le plus important : les 10 % les plus riches y ont un revenu en moyenne 6,7 fois supérieur aux 10 % les plus pauvres.
Télécharger l’étude de l’Insee.
L’Insee dispose aujourd’hui de nouveaux outils permettant une sorte de « géolocalisation » des revenus, jusqu’au niveau communal – et même, demain, annonce-t-elle, « à des niveaux infracommunaux ». L’outil utilisé s’appelle Filosofi (Fichier localisé social et fiscal), issu du recoupement des données du fisc et de celles des organismes sociaux (allocations familiales, assurance maladie, etc.). Si l’utilisation de ces données est intéressante, certains aspects de l’étude ne sont en revanche pas simples à comprendre, puisqu’ils supposent de maîtriser un vocabulaire parfois abscons : dans sa classification des communes, l’Insee utilise en effet à présent de nouvelles catégories telles que « couronnes des grands pôles urbains », « couronnes multipolarisées » ou « communes hors influence des pôles ». Pour donner une petite idée de la complexité de la chose, notons par exemple qu’une couronne de pôle correspond « aux communes dont au moins 40 % de la population résidente travaille dans le pôle » le plus proche, un pôle étant « une zone de bâti d’au moins 2000 habitants ».
Au-delà de ces définitions peu simples, l’Insee essaye de mesurer non seulement la localisation de la pauvreté mais utilise également un concept nouveau : l’intensité de la pauvreté. Il s’agit de l’écart entre le seuil de pauvreté et le niveau de vie médian des personnes pauvres. Plus cet écart est grand – autrement dit, plus les personnes sont en-deça du seuil de pauvreté – plus la pauvreté est intense.
Les régions dans lesquelles le taux de pauvreté est le plus élevé ne changent pas : ce sont la Corse, le Languedoc-Roussillon et le Nord-Pas-de-Calais. Lorsque l’on descend au niveau départemental, c’est la Seine-Saint-Denis qui détient le triste record du plus important taux de pauvreté (27 %). Presque tous les départements du Nord-Pas-de-Calais et de Languedoc-Roussillon, ainsi que le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, l’Ariège, la Creuse, l’Aisne, les Ardennes, sont au-dessus de 18 % de taux de pauvreté. À l’inverse, les Yvelines sont le département le moins pauvre (9 %), suivis par la Loire-Atlantique, le Finistère, la Vendée ou la Savoie.
Plus surprenants sont les résultats de l’étude de la pauvreté au niveau communal. Certes, on ne s’étonnera pas que la ville de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) soit la plus riche du pays, avec un revenu moyen annuel de 234 570 euros par ménage avec deux enfants. Ni que ce soit une commune de l’Aisne, Bohain-en-Vermandois, qui détienne l’un des records de taux de pauvreté (36 %).En revanche, l’Insee a découvert qu’« au sein des grandes aires urbaines, le taux de pauvreté est presque toujours plus élevé dans les villes-centres. Il atteint parfois deux à trois fois celui des banlieues et plus de quatre fois celui des couronnes périurbaines (voire sept fois dans l’aire de Mulhouse : 30 % dans la ville-centre contre 4 % dans la couronne) ».
Dans les villes-centres des grands pôles urbains, la pauvreté est particulièrement fréquente chez les jeunes ménages (27 % de taux de pauvreté) et pire encore chez les familles monoparentales (35 %) et les ménages de plus de cinq personnes (37 %).
On notera enfin que c’est … à Paris, ville souvent vue comme particulièrement riche, que l’intensité de la pauvreté est la plus grande : les personnes pauvres y vivent en moyenne avec des revenus 27,4 % inférieurs au seuil de pauvreté. C’est pire qu’en Seine-Saint-Denis, où ce chiffre est de 24,7 %. C’est aussi à Paris – ce qui est moins étonnant – que l’écart moyen entre riches et pauvres est le plus important : les 10 % les plus riches y ont un revenu en moyenne 6,7 fois supérieur aux 10 % les plus pauvres.
F.L.
Télécharger l’étude de l’Insee.
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